L’idée de ce billet m’est venue à la suite de la lecture de l’article de Sylvain Lavelle : Politique des artefacts et suite à mes conversations avec Julien Cotret et Fanny Georges sur ce sujet (et beaucoup d’autres finalement).
L’article de Sylvain Lavelle traite en partie de la société du contrôle. La question soulevée dans ce billet, et qui renvoie à la lecture de l’article de Sylvain Lavelle, est celle de la réputation numérique et de son rôle dans notre société actuelle. Sylvain Lavelle évoque le fait que l’on est dans une société ou le contrôle s’exerce des uns sur les autres plutôt que dans une société ou le contrôle est exercé par une entité supérieure type Big Brother. Mais que dans tous les cas, ce contrôle est lié à l’usage qui est fait des techniques de la société numérique.
Sylvain Lavelle : “Il reste que l’interconnexion d’une variété de techniques caractéristiques de la société numérique et le maillage informatique « intelligent » des faits, dires et gestes des individus produit un certain type de société. Il ne s’agit peut-être pas d’une société résultant d’un projet machiavélique de contrôle de l’individu, mais l’ensemble de ces techniques en réseau n’en produit pas moins une surveillance globale. Or il ne faut jamais oublier que le Panopticon de Bentham, étudié par Foucault, soit l’utopie d’une surveillance totale et dissuasive de la majorité par la minorité, peut être un danger moins grand, car moins réel, que le Synopticon, soit la surveillance de la minorité par la majorité, qui associe l’individu à la surveillance politique. Ainsi, le mythe – pour ne pas dire : le spectre – du Big Brother, si souvent agité, risque d’occulter la complexité du rapport que le concepteur, le promoteur et l’utilisateur entretiennent avec l’artifice technique.”
Big Brother fait référence au livre de George Orwell, 1984. Dans 1984, Big Brother est une entité omniprésente. Ce n’est pas un personnage réel mais plutôt une effigie, une mascotte, qui représente la tête pensante du parti. Le parti étant le régime qui gouverne l’Angleterre dans le Roman. Les habitants de l’Angleterre dans le roman sont soumis à un contrôle permanent par le biais de télévisions diffusant les messages du parti et recueillant des informations (par micros et caméras) sur les individus. Tout le monde est fiché, observé, tracé. Et toute entorse aux régles du parti est synonime de condamnation à mort. Le parti encourage à la dellation et à la suspicion entre les individus. Il est donc question d’endoctrinement et de surveillance permanente.
De nos jours, les questions de fichage et de surveillance des individus sont bien présentes. L’Angleterre n’hésite pas à utiliser des systèmes de vidéo-surveillance aux quatres coins du pays. La France propose le projet Edvige. Certains craignent la dérive étatique et la mise en place de moyens de contrôles de nos activités, notamment sur le web et par le web. Les systèmes de renseignement Français (et les autres aussi), consacrent une grande part de leur activité à la fouille des données du web.
Dans le même temps :
- de plus en plus d’utilisateurs sur Facebook, Twitter et autres sites de réseaux sociaux,
- tout le monde (ou presque ^^) fait confiance à google,
- et qui n’a pas un site perso (la plupart du temps un blog ou on peut raconter tout ce qui nous passe par la tête)…
Au final on est tous ( plus ou moins ) “fichés” sur internet. A quel point en est-on conscient et à quel point en est-on responsable ? Quelle est la part de fichage faite à notre insu ? Quels sont les risques ?
Big Brother VS Small Brothers : soit on est surveillé par un grand méchant machiavélique qui veut tout savoir de nous, soit nous livrons nous mêmes nos informations pour que les autres puissent mieux nous surveiller.
La réputation numérique
Votre réputation numérique est l’ensemble de ce qui se dit sur vous sur internet. Ce sont les informations que vous produisez consciemment, les informations produites par les systèmes en fonction de vos activités et les informations produites par les autres à votre sujet.
Il paraît pratiquement impossible de nos jours de ne pas avoir de réputation numérique. Il faudrait fuir l’usage d’internet mais aussi s’assurer que les gens qui vous connaissent ne vous mentionnent pas sur internet. Quasi impossible !!! Essayez de taper votre nom sur google pour voir si vous êtes anonymes sur internet.
Tout le jeu maintenant est de savoir comment peuvent être utilisées ces informations et quelles sont les véritables moyens de contrôle existant. Mais surtout comment je peux moi même jouer de cette réputation numérique.
Je veux bien confier mes mails, mon agenda et mes documents à google tant que cela me permet de mieux profiter du web, tant que google me rend service et me rend de mieux en mieux service. Par contre, si je faisais de la recherche dans le privé, je ne voudrais pas que google me pique mes dernières idées. Je veux bien partager mes dernières photos de soirée bien arrosée sur facebook avec mes potes. Par contre, je ne veux pas que mon futur employeur ou ma voisine ne puissent les voir et les utiliser pour me faire du tord.
On a tous des exemples de personnes qui dérapent sur internet : une soeur qui balance sur twitter qu’on la saoule au lieu de le dire en face, des parents d’élèves qui savent tout de l’institutrice de leurs enfants, un journal qui reconstitue la journée de Mr Lambda (voir l’histoire de Marc L sur le Tigre)…
Ou est la responsabilité dans les cas de dérive ? Est-ce la faute du grand méchant internet ou est-ce la faute des utilisateurs qui se livrent sur internet parfois comme dans un journal intime ?
Comme présenté par Sylvain Lavelle, il y a donc deux types de surveillance qui créent un malaise :
- La surveillance par une entité qui emmagasinerait un maximum d’information sur les personnes. Donc une entité qui ferait des recoupements d’information et qui ficherait chaque individu.
- La surveillance par les autres. Tout le monde pouvant tout savoir sur tout le monde, et tout le monde pouvant exprimer son accord ou son désaccord, il y a contrôle des uns sur les autres.
Faisons un point sur ces deux types de surveillance : Quels sont les craintes et les risques du contrôle par une entité type Big Brother et du contrôle par les autres, les Small Brothers ?
Big Brother
Finalement qu’est-ce que l’on craint de Google (l’entité qui actuellement sait tout sur vous grâce à internet)?
- Les publicités ciblées.
- L’espionnage industriel.
- Le contrôle, le chantâge, l’usage à mauvais escient qui pourrait s’apparenter à une dérive étatique.
Les publicités ciblées ne sont pas vraiment une crainte des utilisateurs mais c’est le résultat le plus visible, le plus choquant de ce que peut faire google grâce aux informations qu’il a sur ses utilisateurs. La publicité ciblée c’est le fait de vous proposer des publicités qui sont bien adaptées à votre profil. On va savoir que vous êtes informaticien, célibataire et on va donc vous proposer des publicités de jeux vidéos et de sites de rencontres. Pourquoi est-ce le plus choquant ? Parce que c’est ce qu’il y a de plus visible (liens commerciaux, banniéres, recommandations par mail,…) et parce que en régle générale, ça marche, les publicités sont bien ciblées. Et du coup on a vraiment l’impression que Google sait tout de nous. Pourtant je ne me souviens pas avoir dit à google que j’étais informaticien et célibataire ? En fait, il faut bien avoir conscience que vous n’avez pas besoin de dire à google que vous êtes informaticien et célibataire pour qu’il le sache. Je vais utiliser la terminologie de Fanny Georges pour parler d’identité. Google n’est pas intéressé (ou trés peu) par votre identité déclarative (tout ce que vous déclarez sur vous-mêmes, pages de profil etc). Il s’intéresse principalement à votre activité, votre identité agissante ou calculée (google va faire des recoupements en fonction des liens que vous visitez, des termes que vous employez, des horaires de vos connections, de votre rythme de navigation, …). Cette identité agissante est d’une valeur bien plus élevée que votre identité déclarée pour une simple raison : il est impossible de mentir sur votre activité. Vous n’allez pas faire semblant d’aller écouter de la musique que vous n’aimez pas ou consulter des pages web qui ne vous intéressent pas. Donc votre activité, votre identité agissante, est une information plus fiable et largement suffisante pour en déduire que vous êtes informaticien, célibataire, …
Est-ce que la publicité ciblée est vraiment un problème? Je trouve personnellement que c’est trés discutable. Il ne me semble pas que ce soit véritablement un risque. Le véritable problème est plutôt celui de la publicité sur internet. A partir du moment ou on est résilié et que l’on considére que il y a de la publicité sur internet, alors autant qu’elle soit ciblée, qu’elle puisse peut-être vraiment nous intéresser. Ca ne nous force pas à consommer, ça nous encourage juste un peu mieux. Google utilise exactement la même stratégie de collecte d’informations et de recoupement de l’information pour améliorer les résultats de son moteur de recherche et personne ne s’en plaint (qui en a conscience d’ailleurs ?). Preuve que la collecte d’informations peut servir à quelque chose de bien. Par contre, là ou ça craint plus, c’est tout ce qui concerne les données sensibles. Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’utiliser gmail (le système de mail de google) pour faire transiter des informations confidentielles concernant sa jeune entreprise innovante en informatique. Sur ce point, si google venait à utiliser ces informations sensibles, il serait dans l’illégalité. Ce serait de l’espionnage industriel. Cependant, il y a bien d’autres techniques pour l’espionnage que d’offrir un serveur de mail gratuit et performant. Donc si google voulait vraiment piquer vos informations sensibles, ils auraient sûrement d’autres moyens d’action. Après il est sûrement plus raisonnable de ne pas tenter le diable.
La dernière crainte est la plus science-fictionnesque qu’il y est. Si un organisme mal intentionné pouvait accéder à toutes les données du web concernant chaque individu, que pourrait-il en faire? Cette crainte n’est peut-être pas si science-fictionnesque que ça. Après tout, google a peut-être déjà cédé une part de ces données au FBI, la CIA ou d’autres. Je pense que cette crainte du complot raméne à une question classique en technologie et en sciences : est-ce que cette nouvelle technologie est dangereuse ? La réponse souvent avancée par les scientifiques, ingénieurs créateurs est : non. La réponse souvent avancée par les paranoïaques est : oui. La réponse souvent démago (mais sûrement la plus raisonnable aussi) est : ça dépend de qui l’utilise et comment. Vous entendrez souvent des exemples provocateurs sur ce sujet : est-ce l’inventeur du fusil ou celui qui s’en sert qui est coupable? Faut-il reprocher le nucléaire à Einstein à cause de la bombe atomique? … Et ben là j’ai envie de dire que c’est pareil pour internet et pour cette crainte de Big Brother. Internet est un super outil de communication, d’échange et de partage des connaissances. Mais oui, il est possible d’obtenir beaucoup d’information à partir de votre usage d’internet et donc, il est possible d’utiliser ces informations (à bon ou à mauvais escient). Le véritable problème est donc qu’actuellement, il n’y a aucune procédure de contrôle efficace de ce que deviennent vos données, qui les utilise et comment (il existe la CNIL et son équivalent européen, mais ces personnes créent des recommandations, sont peu nombreuses et ont peu de pouvoir d’action).
Le problème de fond est donc que l’on ait actuellement aucun contrôle sur ce que sait google ou un autre au sujet de soi. Je ne peux pas dire à google : “tu fermes les yeux sur ma fréquentation internet aujourd’hui” ou “dis moi ce que tu sais sur moi”, “oublie ce truc là”,… En gros, mes données, une fois saisies ou une fois déduites de mon activité, ne m’appartiennent plus. Tant que ce sera le cas, la théorie du complot et de Big Brother restera plausible.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur comment ça marche, ce que l’on peut faire actuellement avec vos données sur le web, je recommande l’exposé de Anne Marie Kermarrec au collége de France. Dans cet exposé, Anne Marie Kermarrec présente un cas d’utilisation des données personnelles, du profil d’utilisateurs, pour améliorer la recherche sur internet. Son exposé est bien dans la thématique de l’utilisation des réseaux sociaux et du web sémantique pour améliorer la recherche et la navigation dans les données du web. Par contre cet exposé ne parle pas du tout de problèmes de confidentialité ou de contrôle des données.
Small Brothers
L’autre crainte est celle du contrôle par le réseau social, les individus de votre réseau sont autant de “small brothers” qui vous observent et vous contrôlent (exercent des régulations sur vos activités). C’est la mode du web 2.0 ou du web dit social, on partage tout avec ses amis du web. Le problème c’est que l’on a parfois l’impression que l’on partage vraiment tout (et donc même ce qu’on ne voudrait pas partager) avec des amis qui ne sont pas toujours tant que ça des amis. Ce problème est souvent exprimé de bien des façons :
- Une information me concernant a été transmise à des gens à qui je ne voulais pas transmettre cette information.
- Mes relations se retrouvent liées à mon insu. Deux de mes connaissances se connaissent alors que je ne le voulais pas.
- Mon réseau n’est pas exploité comme je le souhaite. On l’utilise pour des entretiens d’embauche alors que je voulais juste gérer mon annuaire d’amis.
- Des informations malintentionées (ou en tout cas me causant du tord) sont véhiculées par mon réseau.
Je commencerai par une parenthése sur le virtuel et le réel avant de revenir sur ces problèmes d’image de soi et de réputation dans un réseau. Il me semble qu’il est temps d’arréter de parler de réel et de virtuel n’importe comment. Le terme virtuel renvoie pour la plupart des indivdus à des expériences qui ne sont pas réelles, qui ne se font pas dans un environnement réel avec des individus réels. Internet est réel. Il est même devenu omniprésent. Les gens consultent leurs mails de n’importe où et à n’importe quelle heure. Nos téléphones sont en permanence connectés, bientôt nos voitures et tout nos appareils électroniques (et l’électronique est partout). Les gens avec qui nous chattons, avec qui nous échangeons par le web, sont réels même si ils sont identifiés par des pseudos (la plupart des bots ne passent pas encore les tests de turing, donc on a encore tendance à n’entretenir des discussions qu’avec des êtres humains). Les sujets de nos échanges sont réels. Les utilisateurs d’outils de communication médiée par ordinateur utilisent ces nouveaux moyens de communication comme moyen de prolonger des relations réelles. On peut prolonger une discussion commencée en présentiel ou garder un contact avec quelqu’un éloigné physiquement. On ne dit pas qu’une conversation téléphonique est virtuelle alors pourquoi Facebook serait une expérience virtuelle ?
Je pense que cette distinction réel et virtuel est, en plus d’être absurde, dangereuse. Elle fait croire aux gens que ce qui est virtuel n’est pas réel. Le véritable sens de virtuel est ce qui est numérique. Alors disons numérique dans ce cas. J’entretiens une amitié numérique et non virtuelle avec mon cousin en Chine. C’est quand même pas la même chose que mon orc niveau 15 qui tue des elfes dans World of Warcraft en compagnie d’un troll niveau 20 du doux nom de SNRF.
Revenons-en à la réputation numérique. La réputation numérique n’est pas virtuelle mais bien réelle. C’est pour ça que les chercheurs de tête et DRH consultent viadéo, linkedIn ou Facebook pour recruter. Cette réputation numérique est réelle et donc elle est soumise aux mêmes régles que tout jeu de réputation. Quand vous sortez avec vos amis ou vos collégues de travail, vous ne racontez pas tout et n’importe quoi. Vous triez les informations que vous transmettez. Vous adaptez votre discours aux personnes en présence. Vous avez conscience de ce qui peut être dit ou non, de l’impact que cela peut avoir dans vos relations et vous aussi vous exercez un contrôle sur vos interlocuteurs qui adaptent leurs comportemnents. Et bien c’est pareil sur internet avec les réseaux sociaux, les blogs etc… On en peut pas tout raconter dans n’importe quel espace. Heureusement tout n’est pas public sur internet. Il est encore possible de ménager des espaces d’intimité. Tout le monde n’a pas nécessairement accés à votre mur facebook. Par contre tout le monde a accés à votre blog ou à votre twitter (et encore vous pouvez gérer des droits d’accés). Par contre, les outils de réseau vous encouragent à tout laisser en accés publique et ne sont pas toujours transparents sur ce point. Dans ce cas, il faut que les utilisateurs agissent en conséquence. Il est important d’avoir conscience du niveau d’intimité en fonction de l’espace d’expression.
Le véritable problème des réseaux sociaux se situe dans la perte de la maîtrise du flux d’information sur notre réseau, quand le système utilise notre réseau pour diffuser des informations à notre insu, et encore pire, des informations fausses. Un individu modifie son statut facebook de “en couple” à “célibataire” et tout le réseau est au courant de son changement de statut. Mais là encore, est-ce important de signaler à un outil de réseau social que l’on est célibataire? N’est-ce pas à l’utilisateur d’avoir conscience qu’il livre une information peut-être sensible ? Ca dépend de l’utilisation que l’on va faire de l’outil de réseau. Si le but est de ne pas rester célibataire alors ce n’est peut-être pas si mal que l’application transmette cette information. Les réseaux sociaux sont un moyen de propager une information trés efficacement. Et une fois un message lancé sur le réseau, il est impossible de faire machine arriére. Ca ça peut-être problèmatique, surtout dans le cas des rumeurs.
Patrick Valduriez dans l’un des ses exposés à l’UM2 disait que l’important dans les réseaux c’est de bien se présenter. Je ne suis pas tout à fait d’accord (sur la formulation parce que je pense que dans le fond on veut dire la même chose). Pour moi l’essentiel dans les réseaux sociaux, c’est de bien agir. Comme dans la vie réelle, les gens de notre réseau sont en permanence en train d’exercer un contrôle sur nous-mêmes. Ils nous renvoient une image de nous qui n’est pas nécessairement celle que l’on veut afficher. Et sur internet, cette image n’est pas faite uniquement de ce que l’on a renseigné sur soi en remplissant des pages de profil. Cette image est avant tout le résultat de notre activité, de nos interactions, nos réelles relations avec les gens de notre réseau. Par exemple dans le cadre d’une recherche d’emploi, vous pourrez toujours dire que vous avez travaillé avec untel ou untel, si cette personne ne valide pas auprés de votre futur employeur que vous avez bien travaillé dans de bonnes conditions ensemble, l’information dans votre profil n’aura pas le bon impact. C’est valable pour toute votre activité numérique. Vous pourrez toujours déclarer des informations si votre activité dit le contraire, le système corrigera l’information (amazon vous recommande des livres en fonction des derniers livres que vous avez acheté plus que par des informations de profil saisies à la création de votre compte).
Après, je considére qu’internet et plus particulièrement les réseaux sociaux sont un trés bon moyen de se mettre en relation, d’échanger et d’organiser des événements. Par contre je crains l’usage de certains qui est une course à la collection de relations et qui est une sorte de mise en spectacle de sa vie (référence épisode 14 saison 6 de DrHouse). Dans ce cas, les utilisateurs dérivent effectivement du réel. Faire de sa vie un spectacle sur la toile risque de devenir une açon de s’imaginer une autre vie. C’est une fuite de la réalité et bien une expérience virtuelle. L’usage du web et des réseaux sociaux dans ce cas devient un échapatoire du réel et des responsabilités.
Conclusion
Je n’adhére pas (encore) à la théorie du complot qui veut que un grand méchant utilise internet pour nous ficher pour, plus tard, nous contrôler. Maisj’admets qu’il serait possible de le faire, que certaines sociétés le font probablement mais pas à des fins néfastes pour l’instant et qu’il n’y a pas à l’heure actuelle de gardes fous assez stricts pour nous garantir que 1984 n’est pas notre futur. Je pense que l’on est dans une société du contrôle, mais contrôle par nos pairs. Par contre, cela me semble intrinséque à notre nature sociale et je ne suis pas sûr qu’internet et les outils de réseaux sociaux aggravent la situation. Peut-être que tout simplement ils répondent à un besoin de notre société et dans ce cas, c’est plutôt une réflexion sur cette société de contrôle qui doit être faite plutôt qu’une diabolisation des outils.
Ce qui est vraiment problématique pour moi actuellement, c’est l’absence de conscience que ces outils de réseaux sociaux fonctionnent exactement selon les mêmes régles de réputations que hors d’internet. Les utilisateurs ont parfois tendance à oublier qu’un blog n’est pas un journal intime et que tout le monde peut le lire. Internet ne nous rappelle pas clairement les limites de notre intimité parce que le plus souvent il n’y a volontairement pas d’intimité sur internet.
Les Anglosaxons ont une autre approche du contrôle et de la surveillance. Il y a une expression anglaise qui dit : “si vous voulez vous cacher, c’est que vous avez quelque chose à cacher”. Avec internet, si vous voulez être anonyme (c’est à dire sans aucune identité numérique), n’utilisez pas internet.
Il manque actuellement une vision, pour l’utilisateur, de son identité numérique, c’est à dire un système qui lui ferait part de toutes les informations le concernant transitant sur le web. A partir d’un tel système, l’utilisateur pourrait mieux appréhender les enjeux de ces agissements sur internet et peut-être corriger sa pratique du web. Ensuite, il faudrait voir à garantir la propriété des données utilisateurs à l’utilisateur. Mais là je pense que je rêve un peu non ?
Passé les problèmes de réputation, de contrôle et de surveillance, il reste le problème de la fuite du réel et de la virtualisation de ses relations. Si internet n’est plus un complément du réel mais bien un substitut alors là, ça craint. Sur ce point, il me semble qu’il faut faire de la prévention et de l’éducation.
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