infinite monkey

Dans les exercices de la masterclass de Bernard Werber y a celui du tarot. En gros, un tirage de tarot avec une certaine façon de lire les cartes qui aide à démarrer une histoire. Ca fixe des contraintes sur le personnage, le rebondissement principal, la chute de l’histoire. C’est juste un outil pour aider à démarrer. Infinite Monkey c’est une nouvelle écrite à partir d’un tirage de cartes.

Il est 15h25, dans 5 min, je vais avoir le rendez-vous le plus important de ma vie. Après 6 mois de due diligence, 3 ans à tout risquer sur ma startup, infinite monkey, à avoir mis tout ce que j’avais, à emprunter, me porter caution, quitter ma compagne, vendre tout ce que j’avais, ne plus avoir de temps pour mes amis et ma famille alors que je les ai tous fait investir dans ma boîte, Alphabet, le fond d’investissement de Google va enfin me dire si oui ou non ils achètent ma boîte pour plusieurs millions. 

Si c’est oui, je suis riche, toute ma famille et mes amis sont riches. On aura révolutionné le monde de l’édition, on aura changé la définition de ce qu’est un livre. Si c’est non, je suis endetté à vie et je n’aurai plus le courage de regarder mes proches en face, ceux qu’il me reste. Détesté de tous, je serai cité comme l’arnaqueur de la décennie, celui qui a voulu tuer le métier d’écrivain et prouver que la créativité n’a aucune chance face au calcul, aux ordinateurs et aux algorithmes.

Le stress est à son comble, je ne peux rien faire de plus, les dés sont lancés, je me suis mis sur le fil, en équilibre. Maintenant j’attends de voir vers où le vent souffle. Pour la plupart, cette situation serait insupportable. Pour moi, elle est nécessaire. J’ai besoin de tout risquer pour me sentir vivant. 

Je sais exactement comment tout a commencé, à quel moment j’ai décidé de mettre en jeu mon égo contre mon éthique. A la fac, je voulais être le meilleur, je voulais majorer en algorithmique et je voulais plaire à Julie. La plus belle fille de l’amphi et une amie de longue date. Julie et moi on révisait ensemble, je passais mes après midi chez elle à l’aider sur ces exercices, lui expliquer Dijkstra et les chaînes de Markov. Je sentais mon ego me pousser tous les jours, me dire vas-y embrasses la, dis-lui qu’elle te plait, que tu veux sortir avec elle. Mais voilà, Julie avait déjà un mec et mon éthique me freinait. Mon calcul était le suivant, si je gagne, je sors avec la fille de mes rêves mais je n’aurai fait preuve d’aucune éthique. Sinon, je perds une amie et probablement que son mec me casse la gueule. J’ai rien fait, comme un lâche. Julie est devenue instit, son mec et elle sont partis s’installer dans le nord de la France et je ne les ai plus jamais revus. 

J’ai continué mes études, j’ai fait une thèse sur l’utilisation d’humains comme ressources computationnelles, cette idée de faire produire de la valeur aux utilisateurs à leur insu. A cette époque, Google utilisait les captcha pour différencier les humains des bots. En réalité, une grosse partie des captcha étaient des caractères de pages scannées et déformées par l’arrondi de la reliure du livre. Trop compliqués à faire reconnaître par un algorithme, Google avait eu la richissime idée de faire reconnaître ces caractères déformés par des humains sans leur dire. Les utilisateurs pensaient passer un test de Turing pour accéder à un service dont ils étaient clients alors qu’ils travaillaient gracieusement pour le projet Google Books de numérisation de tous les livres.

Et puis un jour, j’ai eu des nouvelles de Julie. Sa soeur m’a envoyé une invitation pour ses funérailles. En rentrant de soirée, son mec bourré avait planté la voiture. Aux funérailles, sa soeur m’a demandé pourquoi je n’étais jamais sorti avec Julie. Elle m’aimait et avait attendu que je lui dise. Elle n’osait pas le quitter mais si j’avais osé, elle m’aurait aimé. J’ai vomi, je suis rentré chez moi m’enfermer dans ma déprime. J’ai pris la décision de toujours tenter ma chance. On était en pleine bulle des startups du web. J’aimais beaucoup lire et je rêvais d’avoir la bibliothèque universelle numérique avant Google. Et j’ai eu cette idée : l’ensemble des livres que l’on peut écrire d’une longueur n de caractères est un ensemble fini. Un bon algorithme peut générer l’ensemble des livres ayant existés, existants ou même, ceux qui ne sont pas encore écrits. Ok, ça génère beaucoup de livres inutiles ou inintéressant et il faut faire le tri, mais le bon algorithme peut me générer la bibliothèque universelle avant que Google n’ait scanné tous les livres.

Je me suis lancé dans l’aventure, j’ai tout risqué et j’attends le verdict. SI je gagne, je suis riche. Si je perds, je pars en ermite clandestin jouer au pachinko à Tokyo.

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Un métier passion

Cette année je me suis inscrit à une masterclass en ligne de Bernard Werber. Si comme beaucoup j’ai aimé les fourmis, j’ai surtout adoré les thanatonautes. Et puis Bernard Werber m’a toujours semblé être quelqu’un de bienveillant donc j’ai supposé que ses conseils en écriture seraient agréables à suivre. Suivre cette masterclass pendant quelques mois m’a permis d’adopter une bonne discipline d’écriture. L’une des nouvelles écrite pendant cette période a même été publiée sur Kobo. C’est celle que je vous partage ici. Elle était soumise à une contrainte de taille et devait démarrer par la phrase : je crois que j’an entendu du bruit sous le lite. Et terminer par la phrase : et c’est pourquoi je pars à New York.

Pour la version publiée, Virgile Paultre m’a fait une jolie illustration que vous trouverez en fin de nouvelle.

  • je crois que j’ai entendu du bruit sous le lit.

Tom me regarde avec des yeux écarquillés et légèrement injectés de sang. Un curieux mélange de “je tiens à toi” et “putain Max tu fais vraiment chier”.

  • vers 3h, comme un bruit d’animal qui rampe. J’ai complètement flippé et ça m’a empêché de dormir.
  • c’est ça ton excuse pour ce matin ? Un rongeur qui t’a empêché de dormir ?
  • je sais pas si c’est un rongeur. J’ai pas osé regarder.
  • tu te fous de ma gueule ! 3 fois cette semaine que je t’appelle du bureau pour te réveiller, que j’allume ton ordi et que j’organise un point café avec Kriss pour couvrir ton retard. Si Kriss te capte, fini le CDI. Et si il capte que je t’ai couvert, fini Tom. 
  • Je suis désolé.

10h du mat dans l’open space de Quitous, je code sur notre Battle Royal. Tom me fait la morale comme tous les matins. C’est un pote de longue date, on a fait 5 ans d’études ensemble puis il a intégré Quitous. Je suis parti faire une thèse. Mais après, j’étais surdiplomé pour trouver un taf dans le jeu vidéo en France. Tom m’a décroché un entretien. J’ai caché que j’étais bac+8. Je suis payé 1500€ par mois. Je bosse dans le jeu vidéo, un métier passion.

Je code le plus vite possible pour rattraper mon retard. Je me sens super mal. Tom est toujours à côté de moi en train de me fixer. Je regarde mon écran, concentré, espérant qu’il se lasse. Je crois qu’il attend une réaction de ma part. Je ne sais pas quoi dire. Moi aussi je tiens à ce que ce jeu soit bien, le meilleur même. Ca fait trois mois qu’on finit après 22h, qu’on bosse les week end, qu’on bouffe des sandwichs devant l’écran. Le crunch pour préparer l’E3 et sortir un nouveau pack de héros. Mes retards, ça me fait chier pour Tom, ça me fait chier pour l’équipe. Coupable de trop dormir et de laisser le boulot à d’autres, épuisés eux aussi. Tout le monde me couvre mais si Kriss pète un câble, tout le monde va vouloir sauver son job. Avec le stress on mesure les limites de l’amitié.

22h30, j’ai fini. Je viens de commit, demain ça passe en QA. Je peux aller m’en jeter un. Sur le trajet vers le bar j’appelle Tom pour lui partager la bonne nouvelle.

  • J’ai fini, Dim lance son putain de grappin et s’accroche partout. Je te retrouve au White Cat ?

Le White Cat c’est le repère de Quitous. Tous les soirs y a des mecs de l’équipe qui y boivent verre sur verre. Le patron guette pour nous qu’il n’y a pas de mouchards. On a déjà eu des cas de journalistes qui scoopent sur nos prochaines sorties, alors maintenant, on est méfiants.

  • Je suis à la maison là, Sophie en a marre de pas me voir.
  • Je passe à une épicerie de nuit et on s’en jette un chez toi alors ?
  • Allez, ça me va.
  • Et Tom, est-ce que je peux dormir chez toi ce soir ?

Sophie est adorable. Elle comprend tout à fait le stress de la dernière ligne droite en prod. C’est une ancienne graphiste mais à force d’heures supp à se cramer les yeux sur l’écran, elle a développé des migraines ophtalmiques. Obligée de quitter son job et se reconvertir. Elle se forme pour être forgeronne. Qui croirait qu’un ordinateur ça peut vous casser à ce point ? Sophie peut même plus jouer aux jeux qu’elle aime.

  • Tom m’a dit que t’avais un rongeur chez toi ?
  • J’ai tellement flippé que j’étais tétanisé dans mon lit. Comme quand j’étais petit. Je me suis mis à bader, à me dire : respires lentement, fais le moins de bruit possible. Si je l’entends à nouveau je lui saute dessus. Putain c’était quoi ce bruit ? C’est lui ou c’est moi ? C’est mon imagination ? et si c’est un alien qui attend que je sorte de mon lit pour me sauter au visage et pondre en moi ?
  • ahah, t’avais fumé ou quoi ?
  • tu rigoles, je touche pas à ça.

Je lui fais passer mon joint.

  • C’est pour ça que tu as demandé pour rester dormir ici, parce que tu flippes ?

L’avantage en dormant chez Tom, c’est qu’il a pas besoin de m’appeler pour me réveiller. Il ouvre les rideaux de son salon et je suis à l’heure pour la réunion surprise de Kriss. En général quand Kriss fait ça, c’est que y a un problème.

  • Frozen nous a doublé.

Kriss balance sur grand écran la dernière vidéo youtube d’annonce de Frozen. On découvre les 3 nouveaux héros de leur battle royal : Bim lance un grappin, Bam des ventouses, et Boum un téléporteur. Exactement la même chose que Dim, Dam, Doum chez nous. On va encore passer pour des suiveurs. Comment ils font pour sortir la même chose que nous juste avant nous ?

  • Y a une taupe. Et la direction m’a demandé de la débusquer.

Une chasse aux sorcières ! Cette journée est dégueulasse jusqu’à la fin. Personne ne se parle, on reste tous vissés à nos postes à coder sans s’adresser un regard. Kriss l’inquisiteur rôde dans l’open space. La QA m’annonce que l’idée du grappin a été abandonnée. Ce soir là, je rentre chez moi dégoûté. Il ne me reste qu’une seule chose à faire. Je me couche avec le balai à portée au bord du lit. 

Je suis réveillé. Le plafond est éclairé par la lueur de mon téléphone. Il est posé par terre comme d’hab. J’entends un rongeur qui se frotte les pattes. J’approche lentement la tête du bord du lit. Un rat avec une antenne sur le dos est en train de lire mes mails sur mon téléphone. D’un bond je me lève, j’allume et j’attrape le balai. La bestiole a disparu. J’ai pas rêvé, mon téléphone est allumé sur mes mails. On a reçu le nouveau projet de héros.

J’ai déposé ma démission. La presse a annoncé notre nouveau concept de héros. C’était un piège. On a tous reçu un concept différent et c’est celui qui m’a été transmis qui a leaké. Pour tout le monde, je suis la taupe. L’histoire du rat téléguidé qui lit mes mails n’a convaincue personne. Kriss et Tom ont tout fait pour me culpabiliser. Ce que j’ai fait est dégueulasse pour l’équipe, toutes ces heures supplémentaires jamais payées gâchées par ma faute. Je sens bien que cette idée est partagée par tout le monde. Des affiches Wanted Mort ou Vif avec ma face ont été placardées dans le couloir. Y a aucune chance que je retrouve du boulot en France. Dans le jeu vidéo, on est mieux traité aux Etats Unis. Et c’est pour ça que je pars à New York.

Illustration – rat téléguidé – par Virgile Paultre

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Quelques shooters et quelques pintes

Dans la masterclass de Bernard Werber y a l’exercice de la balle de tennis jaune. Ecrire une nouvelle ou on maintient le suspens jusqu’à la fin. Pas complètement convaincu, je trouve qu’on voit venir la chute trop facilement. Mais je me suis bien amusé à m’inspirer de la série bloqués pour écrire ça.

J1 – 17h30

  • Ca va aller ? T’as l’air éclaté ?

Je suis dans le coltard. Pas dormi du We, long trajet avec le bus, l’avion puis le train. Cette bière avec mon poto me fait du bien. Y a pas à dire Tom c’est comme mon frère. On se connait depuis l’école primaire. Collège et lycée ensemble. Depuis la fac on s’est installé en coloc. Il est venu me chercher à la gare et on est allé se poser dans notre bar favori, que dis-je, on y est tellement souvent qu’on peut dire que c’est chez nous, c’est notre bar en fait. J’ai tellement pissé, vomi et baisé dans ces chiottes… enfin surtout pissé et vomi en fait. Parce que baisé, j’en parle plus que je ne le fais. Mais là pour une fois, j’ai bien donné tout le we. Ca valait le coup…

  • Oh ça va ? T’as l’air ailleurs.

Je lui réponds avec un sourire gếné.

  • C’est quoi ce sourire bêta ? Notes que t’as pas l’air moins fin que d’habitude mais fais pas cette tête en société sérieux. Ca en dit trop sur toi.
  • Bâtard.

On trinque et on tombe nos pintes cul sec, on s’en fout partout, c’est pas simple d’enchaîner un demi litre de bière en fixant l’autre dans les yeux. Pouah. Ca fait du bien quand même. Allez, faut enchaîner pour optimiser l’happy hour.

J1 – 21h

J’ai ma main sur sa cuisse.

  • Hey mec, mais tu as pas une copine toi ?

Elle me lance un regard blasé et elle se casse.

  • Putain Tom, toi t’es vraiment un pote.
  • Allez mec te plains pas, tu as baisé tout le WE. Faut pas que tu en fasses trop tu sais, c’est comme ça qu’on peut se faire un claquage. D’ailleurs tu m’as pas dit dans quel coin t’es parti ?

Je réponds d’un AHAH mécanique bien convenu histoire de souligner à quel point j’apprécie sa blague et je vide mon verre.

J1 – 23h

  • Tu sais Tom t’es comme un frère pour moi…
  • Ouais je sais, toi c’est un peu pareil. Tu sais le petit frère qui te fait perdre ton statut d’enfant roi unique, celui qui diminue ton quota de câlins et d’amour, celui à qui il faut montrer l’exemple. Allez finis ta biềre et bois ton shooteur qu’on enchaîne.

J2 – 02h30

On s’est fait sortir du bar. Comme d’hab, on a traîné autant que possible après la fermeture. On est partis avec 2 pintes en plastique chacun. Une finie devant le bar, l’autre à l’angle de la rue. Et là je gerbe dans la rue d’après. Putain faut que je respire. Je finis de me vider et je tourne la tête sur le côté. 

  • Tom, va pisser plus loin steplait. J’ai pas envie de voir ta bite.
  • Oh l’autre. D’où tu fais ton difficile là. Je te signale que c’est toi qui es venu gerbé à côté de moi.
  • Merde… c’est vrai ?
  • Ben ouai, tu te rappelles pas ?
  • Je me rappelle de rien…

J2 – 04h

Que j’aime ce canapé sérieux. On l’a trouvé dans la rue un jour. Il avait juste un pied pété et un coup de cutter dans un coussin mais on l’a recouvert d’une couverture et on lui a collé une cale en bois, il est comme neuf. Bon pas vraiment, mais il est super confortable.

  • Tom, tu nous fais des pâtes ?
  • Non, manger c’est tricher. Tiens je t’ai servi un pastis.
  • Un pastis ? 
  • Ouais on n’a plus rien de fort à boire à part ça. Désolé.
  • Faudrait faire des courses.
  • Quoi qu’est-ce quya ?
  • Ben des courses à 4h du mat…
  • J’irai demain.
  • Ah parce que t’as des thunes ? 
  • Non t’as raison.
  • Ben ouais monsieur claque tout pour aller se taper une meuf je sais pas ou. Tu sais y a des putes en bas de la rue ça te coûterait moins cher. J’espère que ça valait le coup au moins ?

Malaise …

J2 – 15h

J’émerge enfin. Je sais pas pourquoi j’ai mal au crâne. Je suis collé par la bave à mon oreiller. Je me redresse. Wouaw c’est dur. J’ai mal au bide aussi. 

J2 – 15h30 

Je sors de la salle de bain. Tom est dans le canapé. Il me regarde avec des yeux noirs et son air sérieux. J’ai rien raconté hier, non ?

  • Heu, salut ça va.
  • Je sais pas et toi ça va ?
  • Mal au crâne. Je me rappelle pas de ce qu’on a fait hier soir. Pas fait de conneries ?
  • Pas plus que d’habitude.

Je vais me servir un bol de céréales.

  • Tu fais un truc aujourd’hui ? Tu veux qu’on aille boire un verre ?
  • On est lundi.

Notre bar est fermé le lundi.

  • Ah merde …
  • Et faut que j’aille voir ma mère. Apparemment ma soeur a un mec.

Je fais tomber le paquet de céréales.

  • Putain t’es en forme ce matin. 

Je commence à regrouper les céréales en les poussant des pieds.

  • Non mais laisses ça va nourrir la souris.
  • Ah ouais t’as raison.

La vache ces yeux noirs, ça me fait toujours flippé.

  • Mais Max putain arrêtes d’être con. Bien sur que tu ramasses tout et t’en oublies pas sous le canapé comme la dernière fois.

Il prend sa veste et se casse.

J2 – 17H

Je viens de fumer un joint. En ramassant les céréales j’ai retrouvé une boulette sous le canap. Je pensais le garder pour fumer avec Tom mais bon j’étais stressé j’ai pas su me retenir, maintenant c’est pire je parano. Je suis en train de me bouffer les ongles devant une série à la con que je regarde pas vraiment. Je ferai mieux de me préparer à déménager mais pour ou ?

J2 – 22H

J’ai écrit 15 pages d’une lettre pour Tom, lui dire à quel point il compte pour moi. J’ai recouvert le sol de brouillons. Après les ongles, je me suis mis à me gratter le bras. Toujours les mêmes tics quand je stresse. Je crois que j’ai aussi des boutons sous les yeux. Mon téléphone bip. SMS de Tom.

“ma soeur est amoureuse. Ma mère m’a pris la tête. Je vais voir mon ex”

Je mets un peu de temps à comprendre que tout va bien. Tom n’a rien contre moi. Et si il va voir son ex, demain il pensera à autre chose. D’un coup tout est beau, la vie est belle je peux aller me coucher. Je suis éclaté et serein.

J3 – 17H

Retour au bar. Tom en a gros. Sa mère lui a pris la tête parce que sa soeur elle, elle s’est trouvée un mec, elle est amoureuse, elle est rangée, elle réussit ses études, bientôt elle sera riche. 

  • “elle au moins elle fait un truc de sa vie”. Putain sérieux maman, moi je fais rien de ma vie ?
  • Heu ben c’est un peu vrai quand même non ?
  • Je veux dire, à part boire des bières et casser le canapé on fait pas grand chose.
  • Putain toi t’es vraiment un ami. Bois ta bière qu’on prenne la suivante.

J3 – 18H

  • je veux pas faire le grand frère protecteur hein, mais si je croise son mec je crois que je le tape juste pour lui faire payer la prise de tête avec ma reum.
  • Ouais je t’aiderai aussi.
  • Par compassion fraternelle ?
  • Ouais et puis parce que j’aime bien ta soeur aussi. Je suis un peu jaloux.
  • Ouais ben tu la touches pas en tout cas. Elle est trop bien pour toi ma soeur.

Je bois ma bière.

  • Ok. Tu veux un shooter ?

J3 – 23H

  • Au fait, l’autre soir tu m’as raconté un peu comment c’était trop bien avec ton plan cul le WE dernier.

Je manque d’avaler ma bière de travers.

  • Je t’ai raconté quoi ?
  • ben pas grand chose, comme quoi c’est bien une fille ça sent bon, c’est doux, c’est propre.
  • Ah ouais, j’étais bourré.
  • Comme d’hab. T’étais pas bourré avec elle quand même ?
  • Non mais j’étais ailleurs quand même. Comme stone tu vois.
  • Tu vas la revoir ?
  • Non c’était un coup comme ça. Puis elle habite loin. Je peux pas me le permettre.
  • Elle habite ou déjà, je crois que tu me l’as pas dit en fait.
  • Belgique.
  • Ah comme ma soeur.
  • Je nous reprends des bières et des shooters.

J3 – 02H30 

Cette fois on vomit en parallèle. Faut dire que on a bien enchainé. Enfin d’aussi loin que je m’en souvienne. Je crois qu’au 8ème tour de pinte plus shooter j’ai perdu le compte. Entre deux spasmes j’arrive à dire à Tom :

  • on se choppe un kebab en rentrant quand même ? Là faut vraiment que j’éponge.
  • non manger c’est tricher.

J4 – 15H00

J’émerge et j’ai mal au crâne. Pas de bruit dans l’appart. Tom m’a laissé un mot sur le canapé : “Je suis chez ma reum”. Je vais prendre une douche.

J4 – 15H30

SMS de la soeur de Tom : “ça va Max, c’était cool ce WE. Je crois que j’ai fait une connerie sur fb 🙂 bisous “.

Oh putain…

J’ouvre Facebook. Elle m’a posté un message en public sur mon mur : “c’était bien ce WE. Vivement que tu reviennes à Bruxelles.”

Y a déjà 15 commentaires. Sa cousine dit que “c’est mimi 🙂 “. 

Je lui envoie un SMS : “mais pourquoi tu as posté ça en public ?”

SMS de réponse : “Tu sais je suis nulle avec ces trucs là. Je me suis ratée. Désolée. ^^ “

La porte de l’appartement s’ouvre, Tom a les yeux noirs.

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Hugo délire

Cette année je me suis mis en tête de faire des concours de nouvelles. En janvier il y avait un thème le hasard fait bien les choses. Et du coup je me suis inspiré d’un fait réel arrivé à Hugo Alonso de notre équipe NaturalPad. Bon avec cette nouvelle j’ai bien conscience que j’écris un peu souvent sur le même thème et que je m’inspire beaucoup de mon quotidien.

Hugo dégouline. La boîte allait mal et il était à sec. Avec deux ans de découvert, parce que bien sûr les clients ne payent jamais dans les temps, que les subventions subissent toujours d’inattendus retards administratifs, l’équipe avait pris l’habitude de ne pas se payer complètement et d’avancer les frais. Tout le monde faisait toujours plus d’effort pour ne pas plier. C’est dur de fermer une boîte, d’accepter l’échec. Souvent on s’enlise dans cette demie mort ou on croit qu’on touche le fond mais y a toujours un sursaut d’espoir qui vous maintient un peu en vie, juste un peu plus longtemps, juste pour agoniser un peu plus lentement, faire durer le supplice.

Il avait accepté de s’improviser commercial et d’aller au feu. Des semaines qu’il enchaînait démos sur démos. La décision avait été collégiale en réunion d’équipe. On est à court d’argent mais on a un produit, il faut aller le vendre ! Une fois qu’on a dit “il faut”, il reste que quelqu’un doit concrètement le faire. Et là, la décision est déjà moins collégiale. C’est à la bonne poire qui est prêt à faire ce sacrifice. 

Sans argent, c’est la tournée des hôtels miteux et des transports pas cher. On est loin de la famille, on est loin de l’équipe. On vit toutes les tensions à distance par téléphone ou messagerie, une solitude connectée surplombée de doutes.

Y a quoi de pire que Paris et ses transports ? Paris sous la pluie ! Sous le porche de l’EHPAD, le rideau de pluie face à lui est en train d’achever Hugo. Il a fini sa démo : un enfer. Déjà, entrer dans un EHPAD, c’est pas un bon moment. C’est surchauffé, ça pue la pisse et tous les regards de zombies se portent sur vous. Des petits vieux sont garés dans l’entrée à attendre le prochaine repas, à ne rien faire pendant des heures. Et Hugo arrive là, l’inconnu qui dérange. Alors certes, il n’entre pas non plus direct dans l’unité protégée ou sont détenus tous les alzheimer et autres déments. Mais bon, faut pas se mentir, personne ici n’est au top de sa forme.

Dans la salle d’animation, Hugo commence toujours avec sa petite formule bien rodée : 

  • Bonjour Mesdames, moi c’est Hugo. Je suis désolé, mais je vais vous couper la TV. 
  • C’est qui le Monsieur ?

Ah oui, un EHPAD c’est 90% des femmes. Espérance de vie oblige. Même côté soignants, qu’on le veuille ou non, c’est un métier genré, aides soignantes, infirmières, animatrice… On pourrait croire que les rares papis qui restent sont comme des coqs en pâte au milieu de toutes ces femmes. A être convoités, choyés, calinés… Ils sont au coeur des querelles et n’ont pas vraiment le droit d’avoir de la libido. Imaginez que votre papy couche avec n’importe quelle mamie… Moi perso je m’en fous, tant qu’ils se font du bien et qu’ils sont consentants. Mais voilà, pour le personnel c’est plus compliqué. Si la famille venait à l’apprendre ? Et comment juger du consentement quand il y a démence ? Les cas de maltraitance à la douche froide sont courants. Il ne fait pas bon pour un résident d’EHPAD d’avoir une érection au moment de la toilette.

Hugo, au milieu de toutes ces femmes, il est l’objet de toute l’attention et de tous les fantasmes. Combien de fois il s’est fait attraper la main, embrasser à la volée ou palper les fesses ? Les techniques des mamis pour voler un bisous sont impressionnantes.

  • Monsieur, venez ici j’ai quelque chose à vous dire.

Vous vous approchez lentement pour vous tendre l’oreille à cette petite voix faible et tremblante et paf. La vieille vous colle un patin et se marre.

  • Je l’ai eu ! Je l’ai eu !

Mais cette fois, ce n’est pas un viol qui a choqué Hugo. Il branchait son matos efficacement, bim un câble HDMI, bim le capteur de mouvement au dessus de la TV, clac-clac les deux alimentations sur le secteur. Hop on appuie sur le bouton démarrer et ça déroule. Il est prêt.

Plus qu’à attendre l’animatrice. Au premier rang, il y a une petite mamie en fauteuil roulant qui n’a pas bougé depuis le début. Deux autres s’approchent et la regardent de haut. 

  • Dégages !

La petite mamie en fauteuil se tord pour s’enfoncer dans son fauteuil sans lâcher les deux autres de son regard effrayé. Vlan, l’une des deux lui envoie une série de coups de pieds dans le tibia. La petite vieille en fauteuil appelle à l’aide. Sérieux, Hugo ne sait pas quoi faire. Il est figé sous le choc. Avec les cris, l’animatrice arrive. 

  • Voilà voilà j’arrive. Rho Madame Michon, encore en train d’appeler à l’aide pour rien.

Et l’animatrice tire le fauteuil de Madame Michon et l’emmène ailleurs.

  • J’arrive de suite.

Les deux vieilles tirent des chaises et s’installent à la place de Madame Michon.

  • Alors, c’est qui qui commande hein ?

Hugo s’est senti comme au collège quand il était en 6e et que les 3e venaient tabasser les plus jeunes pour le plaisir. Un mauvais moment de totale impuissance à passer. 

L’animatrice revient et le sort de son cauchemar. Il enchaîne la démo. Faire jouer des seniors à des jeux vidéo ça a quelque chose de magique. C’est improbable mais ça marche. Ils ont le sourire. Ils s’applaudissent, se challengent. Le fait que ce soit basé sur le mouvement, sans manette, ça rend l’interaction facile, à leur portée. C’est parfois confusant surtout quand l’animatrice essaye de leur expliquer : 

  • vous voyez le bateau là, c’est vous et il faut aller chercher les pièces. Non n’avancez pas, c’est juste avec la main.

Forcément, il y en a avec lesquels c’est plus dur, mais globalement, ce moment là se passe toujours bien. Les seniors ne comprennent pas toujours tout mais ils font quelque chose de différent et on s’occupe d’eux. Et c’est ça qui compte le plus. La stimulation d’un lien social.

  • Franchement, je suis surprise. Je vous ai fait venir parce que je trouvais l’idée incroyable. Mais là, je suis vraiment étonnée que ça marche. 

Yes, Hugo c’est une réussite, ça sent la vente. Tu gères !

  • Bon et alors, ça coûte combien votre machin ?

Les EHPAD manquent toujours d’argent. Pourtant les groupes qui les gèrent ont une croissance à deux chiffres. 

L’orage s’intensifie. Hugo a froid et l’estomac qui crie. Il aurait pas dû sauter ses repas aujourd’hui encore par économie. Il a tellement froid que sa main lui fait mal. Souvenir d’une fracture du connard liée à une histoire d’amour qui a mal finie et une façon aussi de lui rappeler qu’il vieillit. La double peine. Il fait craquer ses doigts et range sa main dans sa poche. D’habitude, dans Paris il fait tout à pied. C’est moins cher, c’est joli et une bonne façon de faire du sport. Mais là sous la pluie, non il le sent pas du tout. Il tente un Uber. Sa carte passe pas. 

Bon ben quand faut y aller. Il marche sous la flotte jusqu’au métro. Plus de tickets, pas de liquide et la carte ne passe toujours pas. Ca craint. Il est à 45 minutes de marche de la gare d’après son téléphone. Et son train est dans une heure. Faut pas traîner.

L’eau ruisselle sur ses joues. Mélange de pluie et de sueur, il a presque envie de pleurer. Il a cette sensation de glisser de plus en plus dans la merde. Son cerveau commence à chercher le pourquoi du comment. C’est jamais le bon comportement. Quand on tombe dans une fosse à purin on cherche à en sortir le plus vite possible, pas à comprendre comment on en est arrivé là. Son sac imbibé d’eau est lourd et il a mal au dos. Déjà d’habitude le matériel pèse, mais avec la pluie c’est bien pire. Il commence à envisager le pire et se demander ce qu’il va faire s’il rate son train. Personne sur Paris pour l’héberger. Il pourra pas se payer d’hôtel à moins qu’il demande encore de la thune à son père. A 34 ans ! la pluie lui fouette le visage, il a mal au ventre, envie d’aller pisser, de gerber, se vider. Il a la tête qui tourne et il ne respire plus. L’angoisse l’étouffe, il est passé en apné et il s’imagine en train de crever sur un trottoir sale de Paris. Il s’arrête, se penche en avant, ouvre sa veste, ses mains sur les genoux et essaye de respirer. C’est mort il aura pas son train. 

  • Monsieur ? Monsieur ?

Une voiture s’est arrêtée à sa hauteur.

  • Vous allez où Monsieur ? Mon client propose de vous déposer.
  • Merci beaucoup. Vous me sauvez la vie. Je suis désolé de tremper votre voiture.
  • C’est rien Monsieur, ça séchera. C’est bon pour Gare de Lyon, on y sera dans les temps.

Le client à l’arrière lui parle mais il ne l’écoute pas vraiment. Il le connaît mais ne voit pas qui c’est. Il cherche.

  • Julien Lepers ! Vous êtes Julien Lepers !
  • Ahah. Animateur vedette du troisième âge, j’ai présenté l’émission question pour un champion de 1988 à 2016, je suis, je suis ?
  • Julien Lepers
  • C’est bien moi. Mais vous n’avez pas répondu à ma question. Vous faites quoi vous dans la vie ?

Hugo lui raconte tout. L’idée, les jeux vidéo basés sur la capture de mouvement pour faire de l’activité physique, l’impact sur la santé, sur le lien social, la boîte, les difficultés, le marché très long à conquérir, l’envie d’aller au domicile aider les seniors à vieillir chez eux plutôt que en EHPAD. Julien l’écoute et décide de l’aider. Il prend son téléphone et fait une vidéo sur la banquette arrière du Uber ou il ne dit que du bien sur Hugo, sur sa boîte et son projet, comme quoi tout le monde devrait jouer à ses jeux, que ça va sauver la vie de millions de seniors et que l’état devrait soutenir. Honnêtement, c’est pas un geste fou, avec du recul ça sonne même un peu bullshit, mais à ce moment là, c’est tellement pour Hugo. 

Le portable et le laptop de Hugo sont morts, noyés. Mais il s’en fout, grâce à Julien, il a eu son train et il est rentré chez lui. Il est sec au chaud et dans son lit. 

Quand Hugo arrive au bureau le lendemain c’est l’euphorie. Lui est un peu gêné parce que sans son réveil il a dormi plus que prévu. Mais ses collègues, ceux qui ne sont pas débordés croulant sous les appels téléphoniques l’accueillent comme le messi.

  • Mais mec comme t’as assuré avec Julien Lepers. Sa vidéo a fait le buzz. Notre site web est saturé, une tuerie ! On est full commandes là on sait pas comment on va faire. C’est trop bien.

Et déjà la star a un planning tout prévu pour lui.

  • On t’a organisé un rendez-vous avec la région et BPI pour de la grosse subvention cette après midi. 
  • Tu repars jeudi sur Paris pour aller voir un fond. 
  • Demain tu as un call avec le directeur d’un groupe d’établissements au Canada. 
  • Mec, on est bientôt riche !

Hugo sourit légèrement mais ne peut s’empêcher d’avoir comme un doute.

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Données connectées et OpenData en Master MIASHS

Depuis l’année universitaire 2016 – 2017, l’équipe du master MIASHS de l’université Paul Valéry à Montpellier me fait confiance et m’a confié deux modules d’enseignement :

  • En Master 1, un module Données Connectées
  • En Master 2, un module OpenData

MIASHS ça signifie Mathématiques Informatique Appliqués aux Sciences Humaines et Sociales.

L’une des particularités de ce master c’est que les étudiants sont dans un parcours professionnalisant avec de l’apprentissage pour former des Data Scientists. Les étudiants sont souvent en reprise d’étude et ont rarement un parcours informatique.

C’est un grand plaisir pour moi d’enseigner dans ces modules parce que :

  • ça me permet de voir d’anciens collègues du LIRMM que j’adore et pour lesquels je manque de temps le reste de l’année
  • ça me force à rester au niveau en programmation Web et en culture Web
  • ça me permet de rencontrer des étudiants aux parcours atypiques
  • ça me sort un peu des préoccupations de NaturalPad pendant deux semaines

Concrètement qu’est-ce qu’on aborde en cours ?

Ou pourquoi un cours de programmation Web dans un master de Data Science ?

Le Web, l’application d’internet probablement la plus connue, est une plateforme permettant à des humains et des machines de consulter et de produire de grandes quantités de données. Le Web peut être vu comme une grande base de données ( plus ou moins bien ) liées les unes aux autres. L’une des compétences attendues d’un Data Scientist étant de constituer un corpus de données pour en extraire des informations, dans ce cours, on apprend à moissonner des données sur le web et les croiser (ou créer des Mashup).

En deuxième année, on met le focus sur les sources de données ouvertes : l’Opendata.

  • Définir ce qu’est l’interopérabilité.
  • Revenir sur les fondements du Web ( http, les URI et les formats de données ).
  • Javascript client en année 1 : du code client pour récupérer des données via des requêtes http et croiser ces données.
  • Javascript serveur web (node.js) en année 2 : requêtes http pour moissonner et croiser des données et fournir à son tour des données via une API Web.
  • Github est central dans la réalisation des projets et dans leurs évaluations.

Le format du cours ?

Pour chaque année, les enseignements sont concentrés en une seule semaine assez intensive. Ce format se prête bien à un enseignement par la pratique en menant un projet. Le projet sert d’évaluation principale du module.

Je cherche à sortir d’un enseignement pyramidal en faisant produire les supports de cours par les étudiants de façon collaborative et en fonction des questions qu’ils posent.

Cette année, cela donne un support rédigé en peer avec un étudiant à côté de moi pour chaque définition hébergé sur Github.

Les projets étudiants

Le sujet est prévu pour être réalisable dans la semaine d’enseignement.

Il s’agit à chaque fois de réaliser un mashup croisant au moins deux sources de données requêtées via http.

En Master 1, le mashup est réalisé uniquement en code client (en utilisant fetch) hébergé en githubpages.

En Master 2, le mashup est réalisé côté serveur en utilisant node.js. Le serveur node doit également fournir à son tour des données dans plusieurs formats via une API web et en mettant en place une négociation de contenu server-driven.

Les idées et réalisations

Parmi les bonnes idées et bonnes réalisations des étudiants ( malheureusement elles ne sont plus toutes disponibles à cette date ) :

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LUCKY BOY

En bon Geek qui se respecte, je lis beaucoup de Comics. J’adore les super héros, mais pas n’importe lesquels. Si j’apprécie que Marvel et DC aient une telle notoriété aujourd’hui, mon style de comics est plutôt classé dans les Indies où on retrouve bon nombre d’auteurs jouant avec le code des super héros pour faire passer des messages politiques avec des personnages bien souvent immoraux. Mark Millar en tête, mais aussi Garth Ennis avec l’excellent The Boys. Récemment, c’est la série Bad Ass et le personnage de Dead End qui m’ont inspiré. Je vous recommande vivement ce comics français en 4 tomes de Herik Hannas et Bruno Bassadi. A noter aussi que le méchant Xavier, bien que fortement inspiré des X-Men, est pour moi à rapprocher des personnages du roman de Dan Simmons : Carrion Comfort ( l’échiquier du mal en français ).

Ceci n’est pas une lecture pour tous les âges 😉

synopsis : un super chanceux va botter le cul d’une bande de mutants dégénérés dont le chef est un pervers mentaliste.

Ext Jour. Entrée d’autoroute.

LUCKY BOY est devant une entrée d’autoroute, un sac à dos à ses pieds et une cigarette éteinte à la bouche.

  • LUCKY BOY OFF : Les super héros ça vous dit quelque chose ?

LUCKY BOY allume sa cigarette.

  • LUCKY BOY OFF : Un truc pour écrire des bd pour les gosses. Des histoires pour que les hommes rêvent de vies moins chiantes.

LUCKY BOY tend son bras pour faire du stop.

  • LUCKY BOY OFF : Et bien j’en suis un.

Une voiture s’arrête avec 4 jolies jeunes filles plantureuses et courtement vêtues.

  • FILLE PASSAGERE : Vous allez ou ?
  • LUCKY BOY : N’importe, loin d’ici, où vous m’emmenez.
  • FILLE PASSAGERE : Ce sera peut être un peu serré, mais je suis sur que le trajet sera confortable.

Les deux filles à l’arrière lui adressent un grand sourire. LUCKY BOY monte et la voiture part.

TITRE : LUCKY BOY

  • LUCKY BOY OFF : Mon pouvoir ? La chance est avec moi. Toujours.

Ext Jour. Bord de plage paradisiaque

Lunettes de soleil, cigare, cocktail avec petit parasol en papier, maillot short, les pieds dans une eau claire transparente sur une plage de sable blanc, LUCKY BOY sourit en regardant l’horizon. Les 4 beautés sont en mode top less bronzing sur transat.

Un serveur en smoking arrive à ses côtés avec un plateau d’argent portant des tickets de jeux d’argent, une pièce de 1 euro et des olives avec un cure dent planté.

LUCKY BOY pose son verre prend la pièce et gratte les tickets qui sont tous gagnants. LUCKY BOY prend un cure dent sur le plateau avec une olive au bout qu’il place entre ses dents.

  • LUCKY BOY : Merci Alfred.
  • LUCKY BOY OFF : En vrai il ne s’appelle pas Alfred. Et je ne m’appelle pas Bruce Wayne. Mais on s’en fout.

Un avion futuriste se pose sur la mer. Son souffle éclabousse les 4 jeunes filles mais pas LUCKY BOY. Une jolie blonde, PSYCHO GIRL, coupe au carré en tenue lycra moulante intégrale genre super héros et un mec très barraqué cheveux courts également en costume lycra moulant, le MOLOSSE, se placent dans l’encadrement de la porte ouverte de l’avion.

  • LUCKY BOY : Hey beauté. Je peux t’aider ?

LUCKY BOY affiche un grand sourire. PSYCHO GIRL le regarde, impassible. LUCKY BOY enlève le cure dent de sa bouche et gobe l’olive. Elle passe de travers. Il tousse, s’étouffe et tombe à genoux en crachant tout ce qu’il peut de plus en plus rouge. Il la fixe.

  • LUCKY BOY OFF : Mon pouvoir …  elle l’a annihilé.

PSYCHO GIRL regarde LE MOLOSSE.

  • PSYCHO GIRL : Va l’aider. Je crois qu’il a compris.

LE MOLOSSE s’approche de LUCKY BOY, le redresse et lui met un gros coup de poing dans le ventre. Tellement fort qu’il en crache l’olive, voit flou et perd connaissance. LE MOLOSSE le met sur son épaule et le ramène dans l’avion. Ils décollent.

INT JOUR. Dans l’avion

LUCKY BOY se réveille dans l’avion. LE MOLOSSE est aux manettes. PSYCHO GIRL se montre devant lui et lui tend un costume en lycra.

  • PSYCHO GIRL : Enfiles ça.
  • LUCKY BOY : Tu es sérieuse ?

LUCKY BOY prend la tenue et l’enfile. Il s’observe et apprécie le côté moulant du lycra.

  • LUCKY BOY OFF : Pas si mal.
  • PSYCHO GIRL : Tiens.

PSYCHO GIRL lui tend un sac parachute.

  • LUCKY BOY : Heu…

La porte derrière lui s’ouvre. PSYCHO GIRL le pousse avec le parachute.

EXT JOUR. Chute de l’avion / Manoir de la ligue

  • LUCKY BOY : Aaaaaaahhhhhh

Dans sa chute, LUCKY BOY enfile le parachute et tire sur une molette, le parachute s’ouvre. A ce moment là, il se fait doubler par PSYCHO GIRL dans les bras du MOLOSSE en chute libre. PSYCHO GIRL et LE MOLOSSE ouvrent leurs parachutes et ils se posent tous les 3 au sol pas loin d’un manoir. Ils enlèvent leurs parachutes rapidement et avancent vers le manoir.

  • LUCKY BOY : Hey ? On est où là ? Qu’est ce qui se passe ?
  • PSYCHO GIRL : T’occupes.
  • LUCKY BOY : Mais … waow c’est quoi ça ?
  • PSYCHO GIRL : Ça ? C’est la ligue de la justice.

Face à eux, un homme hirsute, LA BETE, avec des griffes qui lui sortent des mains, il bave et est prêt à bondir. LA BETE est tenue en laisse par un chauve sur un fauteuil roulant, XAVIER. A ses côtés un homme de glace, LA GLACE, et un homme en flamme qui lévite, LA FLAMME.

TITRE : La Ligue de la Justice

  • PSYCHO GIRL : Une bande de branleurs dégénérés et on est là pour les éliminer.

Ils entendent une voix qui semble venir de nulle part.

  • XAVIER OFF : Sacha !

LUCKY BOY se tourne vers PSYCHO GIRL.

  • LUCKY BOY : Sacha ?

PSYCHO GIRL / SACHA sourit.

  • LUCKY BOY : Tu t’appelles Sacha ?
  • XAVIER OFF : Petite pute.
  • LUCKY BOY : Waow …  What ? Mais c’est quoi cette voix ?
  • PSYCHO GIRL : C’est Xavier. L’handicapé qui dirige la troupe de dégénérés.

PSYCHO GIRL avance vers la ligue de la justice.

  • PSYCHO GIRL : Xavier, Je suis venu te détruire.
  • XAVIER : Ah ah ah ah et comment comptes tu t’y prendre ? Vous n’êtes pas à la hauteur.
  • PSYCHO GIRL : J’ai amené une arme secrète.
  • XAVIER : Lui ?
  • PSYCHO GIRL : Lui.

LUCKY BOY montre LE MOLOSSE du doigt.

  • LUCKY BOY : Lui ?
  • PSYCHO GIRL : Non. Toi.
  • LUCKY BOY : arf.

XAVIER détache la laisse de LA BETE.

  • XAVIER : Occupez vous d’eux. Je m’occupe de Sacha.

LA BETE et LE MOLOSSE courent l’un vers l’autre et se percutent de plein fouet dans un bond, poings en avant. La FLAMME et LA GLACE filent vers LUCKY BOY. LA FLAMME en lévitant les bras croisés, LA GLACE en mode surfer, glissant sur une traînée de glace. LUCKY BOY part en courant dans la direction opposée et pénètre dans les bois. LA FLAMME est derrière lui et embrase les bois. LUCKY BOY court comme un dératé et finit par arriver au bord d’une falaise au dessus d’un lac. Les flammes derrière lui se répandent et se rapprochent. LUCKY BOY saute et tombe dans le lac. Il remonte à la surface et voit s’approcher de lui LA GLACE gelant la surface du lac. LUCKY BOY plonge et se retrouve prisonnier sous la glace. Tout le lac est gelé.

LA BETE et LE MOLOSSE se déchirent devant le manoir. Ils sont en sang, griffés dans tous les sens. PSYCHO GIRL avance vers XAVIER d’un pas décidé. Arrivée aux pieds des marches XAVIER lui adresse un grand sourire.

  • PSYCHO GIRL : Tu vas payer Xavier.
  • XAVIER : Ah ah tu es vraiment insolente.

PSYCHO GIRL monte les marches et arrive juste devant lui.

  • XAVIER OFF : A genoux.

PSYCHO GIRL se fige et son visage se tord de douleur. Elle porte ses mains à ses tempes.

  • XAVIER OFF : A genoux.

PSYCHO GIRL tombe à genoux et se tient la tête entre les mains. XAVIER se penche vers elle et fait mine de la sentir.

  • XAVIER : Hum cette odeur me rappelle notre nuit. Tu t’en souviens ?

PSYCHO GIRL le regarde les larmes aux yeux, l’air dégoûtée.

  • XAVIER : Oh tu n’en gardes pas un bon souvenir ? Pourtant j’étais le premier. Et pour moi c’était très bon. Te faire faire tous ces trucs et sentir ton esprit impuissant. Tiens, ça me donne envie de recommencer.

XAVIER déboutonne son pantalon et ouvre sa braguette.

  • XAVIER : Tu n’espères quand même pas être devenue assez puissante pour me résister ?

XAVIER pose sa main sur la tête de PSYCHO GIRL et commence à l’attirer vers son entre jambes. Une énorme explosion retentit au loin derrière la forêt. LA BETE tourne la tête vers l’explosion. LE MOLOSSE en profite pour l’assommer d’un énorme crochet. LA BETE tombe au sol KO.

  • LUCKY BOY : Aaaaaaahhhhhh

LE MOLOSSE tend les bras et rattrape LUCKY BOY.

  • LUCKY BOY : Merci
  • XAVIER : Mais que ?
  • LUCKY BOY : Une bulle de méthane emprisonnée sous le lac. Ca n’a pas plu à pyroboy et mister freeze.

LUCKY BOY se frotte les bras pour enlever la poussière et avance vers XAVIER. Pendant ce temps, LE MOLOSSE finit LA BETE en lui brisant la nuque. PSYCHO GIRL se relève et regarde XAVIER de haut.

  • PSYCHO GIRL : Oh, ton pouvoir semble affaibli. Tu ferais une méningite ? C’est pas de chance…
  • XAVIER : Mais ?

PSYCHO GIRL lui envoie une droite.

EXT JOUR. Plage paradisiaque

LUCKY BOY est les pieds dans l’eau, lunettes de soleil, maillot short, un cocktail à la main, grand sourire et cigare à la bouche. Derrière lui les 4 jeunes filles et PSYCHO GIRL sont en mode top less bronzing sur transat. LE MOLOSSE en maillot de bain fait un gros château de sable. Un serveur en smoking à côté de LUCKY BOY tient un plateau avec cocktail, olives, jeux à gratter.

  • LUCKY BOY OFF : Je vous l’avais dit, la chance est toujours avec moi. Même si parfois ça ne saute pas aux yeux.

Face à LUCKY BOY, sur l’eau, l’avion est posé.

  • LUCKY BOY OFF : Maintenant en plus, j’ai un avion futuriste.

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Skate park de Poussan

A l’époque je faisais des reportages chez imagiLAB. C’était en 2008, un changement de décoration pour le skate park de Poussan.

On avait suivi une association de graffeurs, le phono.graf qui avait refait la déco du skatepark toute la semaine. Un gros boulot. Un très beau résultat et la veille de l’inauguration un vandal est venu toyer sur la masterpiece du projet…

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